Le risque incendie
Selon les données statistiques citées par l’INRS (Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles), le nombre d’incendies en entreprise entraînant des accidents du travail et des arrêts de travail s’élève en moyenne à 250 par an. Parmi eux, 15 d’entre eux sont considérés comme graves car à l’origine d’une incapacité permanente d’un ou de plusieurs salariés, et entre 1 et 2 sont la cause d’un décès.
Au-delà de ces conséquences dramatiques sur le plan humain, un incendie en entreprise a en outre de nombreux impacts négatifs : dégâts aux bâtiments et outils de production (par l’incendie lui-même et l’eau et les produits utilisés pour son extinction), chômage technique et interruption d’activité, parfois définitive (70 % des entreprises victimes d’un très grave sinistre disparaissent dans les mois qui suivent).
Parmi l’ensemble des activités, certains secteurs industriels apparaissent a priori plus exposés au risque compte tenu de leurs caractéristiques (aciérie, verrerie, chimie, traitement des déchets, …) mais il faut avoir conscience du fait que tous les environnements professionnels sont concernés (bureaux comme commerces).

L’obligation de prévention du risque incendie
Face à l’importance du risque, le législateur a fait de la sécurité incendie en entreprise une obligation à la charge du dirigeant s’appliquant à tout établissement recevant des travailleurs (ERT), cette obligation s’inscrivant au demeurant dans la responsabilité globale de prévention des risques professionnels qui s’impose au chef d’entreprise.
L’obligation de sécurité incendie, précisée tant par le code du travail[1] que par d’autres réglementations en fonction du type d’établissement (classé pour la protection de l’environnement, recevant du public, IGH…) se décline principalement en trois axes :
- Attaquer le risque à la racine en supprimant les causes possibles de déclenchement d’un incendie
- S’il se produit, faire en sorte de limiter sa propagation et ses effets humains et matériels (évacuation des personnes et intervention des secours facilitées)
- Former et informer le personnel.
Pour ce faire, des mesures techniques comme organisationnelles seront à mettre en œuvre par le chef d’entreprise.
Prévenir le risque incendie
Le « triangle du feu »
Pour se prémunir efficacement, les trois conditions de survenue d’un incendie doivent être bien comprises : la présence simultanée d’un combustible (papier, bois, carton, essence, huile, plastique, matière gazeuse, etc.), celle d’un comburant (l’oxygène de l’air), celle d’une source d’inflammation (étincelle, flamme, …).
Les deux premières conditions sont quasi-systématiquement réunies dans les entreprises, la troisième pouvant résulter des procédés utilisés (meulage, soudage par exemple) ou de l’installation électrique (étincelles, surtensions). On évalue à un tiers des incendies ceux dûs à une origine électrique et à un tiers également ceux provoqués par des opérations dites par points chauds.

L’évaluation du risque
En s’appuyant sur les compétences internes (responsables de production, instances représentatives du personnel) et, au besoin, en s’associant des compétences externes (service de lutte contre l’incendie, médecine du travail), l’employeur doit procéder à une évaluation du risque incendie permettant d’identifier les situations prioritaires et d’élaborer un plan d’action.
Cette démarche portera sur les risques dûs aux produits combustibles, à leur degré d’inflammabilité et à leurs conditions de stockage, ainsi que sur ceux liés aux sources d’inflammation potentielles, thermiques, électriques ou mécaniques. Les procédés mis en œuvre pour l’exercice de l’activité ainsi que les sources de dysfonctionnements potentiels liés aux facteurs humains et organisationnels seront recensés.
Sur la base de l’évaluation ainsi réalisée, le plan d’action fixera plusieurs objectifs permettant d’agir directement sur les sources du risque : limitation des quantités de produits combustibles et de leur manipulation, isolement de leur usage dans des zones réservées, évacuation rapide de ces produits, entretien et surveillance des installations électriques, mise en place de détecteurs d’élévation de température, permis de feu, plan de prévention lors de l’intervention d’entreprises extérieures, zones fumeurs spécifiques, etc.
Réduire les effets d’un incendie sur le lieu de travail
Protéger des conséquences de l’incendie
Dès la conception et l’aménagement des locaux, des mesures sont à prendre pour limiter les effets d’un incendie en particulier pour les salariés, l’objectif premier étant de permettre, outre l’intervention rapide des services d’urgence, une évacuation effective des locaux grâce à des dégagements et des issues accessibles, des moyens d’alarme sonore et visuelle efficaces et un balisage et une signalétique suffisants, dont nombre, dimensions et implantation respectent la réglementation applicable à l’établissement. S’y ajoutent des dispositifs tels que portes coupe-feu, encloisonnement des escaliers, isolement des locaux à risques (stockage, locaux électriques, chaufferie, déchets), choix de matériaux en fonction de leur comportement au feu, système de désenfumage et moyens d’extinction.

Informer et former le personnel
En principe associés dès l’évaluation des risques – au moins informés de la démarche -, les salariés sont au cœur des dispositifs de lutte et de protection contre l’incendie sur les lieux de travail.
À cet effet, des consignes de sécurité et des instructions relatives à une évacuation rapide (ou différée en cas de personnes en situation de handicap) de la totalité des occupants et précisant l’identité des personnes chargées de les mettre en œuvre doivent être établies et diffusées au personnel. À leur appui, il est recommandé de leur adjoindre un plan d’évacuation et un plan d’intervention destiné aux services de secours extérieurs.
Dans certaines situations (établissements dans lesquels travaillent plus de 50 salariés ou ceux, quel que soit l’effectif, où sont utilisées des matières inflammables), la consigne de sécurité doit même être affichée dans chaque local de plus de 5 personnes ou dans ceux où sont entreposées des matières inflammables. Cette consigne, très détaillée, doit être communiquée à l’inspection du travail.
Au-delà de l’obligation d’information, le chef d’entreprise a la charge d’assurer également une formation de l’ensemble de ses salariés a minima sur différents points tels que savoir alerter, maîtriser l’usage des extincteurs, évacuer les lieux, connaître les réflexes qui sauvent.
Dans les entreprises présentant des risques plus importants d’incendie, une formation spécifique doit être dispensée à des salariés « spécialement désignés » afin qu’ils soient aptes à faire usage d’équipements complexes de lutte contre l’incendie, à intervenir sur certaines installations (coupure d’énergie), à encadrer l’évacuation (guide file, serre file…).
À savoir : dans les ERP (Etablissements recevant du public) et les IGH (Immeubles de grande hauteur), des dispositions particulières prévoient la présence d’un service de sécurité incendie dont les agents doivent posséder différents niveaux de qualification (diplômes SSIAP).
Consignes et formation sont enfin à compléter par la réalisation d’essais et d’exercices pratiques visant à ce que le personnel s’approprie concrètement signal d’alarme, localisation des espaces d’attentes sécurisés (zones à l’abri des fumées, des flammes et du rayonnement thermique auxquelles une personne, quel que soit son handicap, doit pouvoir accéder) et usage des moyens de premiers secours. L’INRS recommande d’effectuer les exercices d’évacuation tous les 6 mois et de ne pas oublier de former les nouveaux embauchés.
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[1] Articles R.4227-1 à R. 4227-41, article R. 4141-3-1, articles R. 4227-37 à R. 4227-41